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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 17:41

Antarctique : des intrus dans les poches des chercheurs

 

Les graines transportées involontairement par les visiteurs du continent austral risquent de se transformer en espèces invasives.

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Rochers couverts de lichen près de la péninsule Antarctique.  

Crédits photo : Zee Evans/National Science Foundation

 

L'Antarctique est un territoire dont l'accès n'est possible que pour trente à quarante mille personnes chaque année.


Mais une équipe de scientifiques de huit pays différents dont des représentants du CNRS et de l'Institut polaire français (IPEV) vient de montrer comment ces voyageurs très occasionnels sèment des petites graines en passe de devenir pour certaines d'entre elles des espèces invasives.


À ce jour, le pâturin annuel que l'on trouve un peu partout dans le monde semble avoir pris possession de ce nouveau territoire, et quatre ou cinq autres seraient en train de s'y établir. L'immense majorité du continent austral est perpétuellement recouverte par de la neige et de la glace, mais 1% des territoires, principalement en péninsule antarctique et sur le littoral sont découverts l'été et peuvent accueillir des formes de vie.


Bien cachées au fond des poches des parkas ou accrochées aux semelles des chaussures, déposées au fond des sacs à dos ou sur les bâtons de marche.

 

C'est ainsi que les graines traversent les continents. «Une première étude avait été menée sur une dizaine de personnes en 2005», explique Marc Lebouvier, du CNRS et l'un des auteurs de l'étude publiée dans les PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences).

 

Là, l'enquête a porté sur un échantillon représentatif de personnes qui se sont rendues en Antarctique durant la période estivale entre novembre et février 2007-2008.

Des visiteurs venus de toutes les régions du monde

Un premier questionnaire a été adressé à plus de 6500 personnes touristes, scientifiques, membres d'équipage - pour connaître leurs nationalités et les pays qu'ils avaient visités durant les 12 mois précédents.

«On s'est notamment rendu compte que non seulement tous les pays du monde étaient représentés mais que près de la moitié de ces personnes avaient visité des régions froides», souligne le chercheur, ce qui suppose que les graines éventuelles qu'ils transportaient étaient susceptibles de s'acclimater à l'Antarctique.


853 participants ont ensuite accepté de se prêter à un examen très minutieux de leurs effets personnels afin de déterminer à la fois ne nombre de graines transportées et les espèces végétales concernées. «Au total on en a compté plus de 2600 de 200 espèces différentes», poursuit le chercheur.

 

Les visiteurs transportent en moyenne moins de dix graines chacun. Cela va de zéro pour ceux qui ont un équipement tout neuf à plusieurs dizaines pour ceux qui parcourent les régions froides sans nettoyer à chaque fois leur équipement.

 

«Le record absolu a été de 200 graines de vingt espèces différentes sur la même personne», raconte encore Marc Lebouvier.

«Si les touristes et les membres d'équipages transportent moins de graines que les scientifiques, les guides ou les personnels logistiques des bases, leur nombre est quatre fois plus important et leur fréquentation est concentrée sur un petit nombre de sites», souligne la publication.

 

glaçons

Des écosystèmes rustiques

Dans ces régions, les écosystèmes fonctionnent très bien mais sont assez rustiques.

 

L'arrivée d'une ou de plusieurs espèces nouvelles peut conduire à des bouleversements majeurs. C'est notamment ce qui a été constaté dans certaines îles subantarctiques.

 

Mais surtout, préviennent les scientifiques, la situation pourrait être aggravée en raison du réchauffement climatique qui est très sensible dans certaines zones de l'Antarctique.

 

La côte ouest notamment connaît déjà des élévations importantes de températures. Dans ces régions très froides à la différence des zones tempérées, une simple hausse de 1° C de la température moyenne peut permettre à des espèces qui végètent de soudain se développer.


Cette étude va permettre de faire des recommandations, notamment sur l'entretien des équipements.


Elle va fournir aux signataires du Traité sur l'Antarctique «des bases de réflexion pour minimiser les risques d'introduction d'espèces sur le continent blanc».

 

info Le Figaro.fr par Marielle Court

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